Transposition par l'Horloger de la Croix-Rousse du volume 8 page 300 colonne de gauche de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert
…cercles et épicycles, et différences par multiplication des roues sans nombre, avec toutes leurs parties, et a chacune planète ladite sphère, particulièrement son mouvement»
« Par telle nuit on peut voir clairement en quel signe et degré les planètes sont, et étoiles solennelles du ciel. Et est fait si subtilement cette espère, que nonobstant la multitude des roues, qui ne se pourraient nombrer bonnement, sans défaire l’instrument ; tout le mouvement de celle-ci est gouverné par un seul contrepoids, qui est si grand merveille, que les solennels astronomes de lointaines régions viennent et visitent à grandes révérences ledit maitre Jehan, et l’œuvre de ses mains ; et disent tous les grands clercs d’astronomie, de philosophie et de médecine, qu’il n’est mémoire d’homme, par écrit ni autrement, que en ce monde ait fait si subtil, ni si solennelle instruments du mouvement du ciel, comme l’orloge(1) du susdit ; l’entendement subtil dudit maitre Jean, qui de ses propres mains forgea ladite orloge, toute de laiton et de cuivre, sans l’aide de nulle autre personne, et ne fit autre chose en seize ans tout entiers, si comme de ce a été informé l’écrivain de ce livre, qui eut grande amitié pour le dit maitre Jehan. »
1) A quelques lignes d’écart le rédacteur écrit orloge ou horloge.
Ce récit simplifié en deux mots, nous apprend que l’horloge de Jacques de Dondis, né à Padoue, marquait outre les heures, le cours annuel du soleil suivant les douze signes du zodiaque, avec le cours des planètes. Cette horloge merveilleuse qui fut placée sur la tour du palais de Padoue en 1344, valut à son auteur et à tous ses descendants, le surnom de Horologius, qui dans la suite pris la place du nom même. Cette famille subsiste encore en deux branches, l’une agrégée au corps des Patriciens, et l’autre décorée du titre de marquis.
L’horloge de Dondis excita l’émulation des ouvriers dans toute l’Europe ; on ne vit plus que des horloges à roues, à contrepoids et à sonneries, en Allemagne, en France et ailleurs. L’horloge de Courtray(2) fut une de celle qui fut le plus célébrée, Philippe le Hardi duc de Bourgogne, la fit démonter en 1363, et emporter par charrois à Dijon, où il la fit remonter. C’est l’ouvrage le plus beau, dit Froissart(3), qu’on put ne trouver deçà ni delà de la mer ; entre les pièces singulières de cette horloge, décrite par le même auteur, il y avait vingt-quatre brochettes, qui devaient apparemment servir à faire sonner les heures, ou du moins à les indiquer.
2) Courtray, (Courtrai en français), est une ville de Belgique située en région Flamande, à une trentaine de km de Lille.
3) Jehan Froissart, né à Valencienne en 1337 et mort à Chimay (Belgique) en 1405 est considéré par beaucoup comme le premier "journaliste-reporter". Ses Chroniques sont une source précieuse de documentation sur les guerres et les mœurs de son époque.
La France ne fut pas moins curieuse que les autres pays, à se procurer des horloges à la nouvelle mode. Paris montra l’exemple par celle du palais qui fut la première grosse horloge que la capitale du royaume ait possédée. Elle fut faite par Henri de Vic, que Charles V fit venir d’Allemagne : il assigna six sols parisis à cet ouvrier(4), et lui donna son logement dans la tour, sur laquelle l’horloge fut placée en 1370. L’horloge du château de Montargis fut faite vers l’an 1380 par Jean Jouvence.
Mais Nuremberg, ville où les ouvriers se sont toujours signalés par une adresse industrieuse, se distingua singulièrement par la variété de méchanique qu’elle mit dans les horloges de sa façon. Pontus de Thyard, mort évêque de Chalons, rapporte en avoir vu où les heures de chaque jour et de chaque nuit, de quelque durée que fussent l’une ou l’autre, y étaient séparément divisées en douze parties égales. M. Fardoir, mort il y a environ quarante-cinq ans, a renouvelé de nos jours cette invention. Il a fait une horloge où le cadran marque deux fois douze heures, séparément sur deux espèces d’éventails ; dont les branches de l’un s’écartent, à proportion que ...